L'actualité de l'étude FCC
LETTRE AUX TERRITOIRES
2ème édition - novembre 2023
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Chers lecteurs,
Nous l’avons toujours dit, dans nos écrits comme lors de nos rencontres, le dialogue avec les acteurs des territoires est, au CERN, un moteur fondamental de notre action. Il en va ainsi de la conduite de l’étude de faisabilité du FCC en cours. Sa phase intermédiaire approche, et nous aurons à cœur de partager avec vous les résultats que nous obtiendrons de la première séquence d’études. L’événement est prévu pour le 24 avril, au CERN. Retenez la date, nous vous en reparlerons !
Tout en poursuivant ce dépouillement des premiers enseignements de l’étude de faisabilité, nous continuons, avec vous élus et acteurs du territoire, à réfléchir aux opportunités de développement commun que pourrait permettre l’installation, entre la Suisse et le France, du plus puissant collisionneur de particules souterrain du monde. Synergies dans l’aménagement urbain, dans la distribution de l’eau, entre les sous-stations électriques, dans l’encouragement aux mobilités douces ou le soutien de réseaux de chaleur plus vertueux. Il s’agit, dès maintenant, de penser ensemble le développement du territoire afin que notre projet, s’il est engagé au terme de l’étude de faisabilité, puisse bénéficier à la recherche fondamentale européenne mais aussi aux habitants et usagers qui vivent, travaillent et circulent de part et d’autre de la frontière. Nous sommes à votre écoute !
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La sécurisation du périmètre foncier de l’étude FCC
France
La proposition de loi « visant à faciliter la mise en œuvre des objectifs du zéro artificialisation nette au cœur des territoires (ZAN)», a été adoptée cet été par le Parlement. Elle a apporté des précisions quant à la mise en œuvre de cet objectif, inscrit dans la loi Climat et résilience de 2021. Ainsi, l'artificialisation des projets d’envergure nationale ou européenne présentant un intérêt général majeur ne sera pas comptabilisée au niveau local, mais au niveau national. Ce dispositif pourrait concerner le FCC, s’il venait à être construit.
Le tracé actuel du FCC, tel qu’il est présenté depuis le début de l’année aux maires, est l’hypothèse qui vise à être la plus favorable pour la performance scientifique, pour l’environnement et les territoires. Afin de sécuriser cette hypothèse encore à l’étude jusqu’à fin 2025 et de préserver les terrains qui pourraient être nécessaires ensuite au FCC, le CERN sollicite désormais l’appui des autorités françaises.
Suisse
Le Conseil fédéral a mené au printemps 2023 une consultation relative à une modification de la loi sur l’encouragement de la recherche et de l’innovation (LERI). Celle-ci constitue la base légale à la mise en place d’un plan sectoriel fédéral applicable aux projets du CERN, actuellement encadrés par des procédures cantonales. Ce plan a pour objectif de garantir que les projets du CERN ayant une emprise foncière sur le territoire suisse soient compatibles avec les objectifs des politiques de recherche, d’État-hôte, d’environnement et d’organisation du territoire, mais aussi qu’ils soient mis en œuvre dans les meilleures conditions sur le plan administratif. Il sera suivi de procédures d’autorisation de construire conduites par la Confédération et non plus le Canton. La modification de la LERI est soumise à l’adoption du Parlement fédéral, le plan sectoriel du CERN à celle du Conseil fédéral.
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Bientôt des campagnes de mesures sur le territoire
C’est un vaste programme d’investigation du sous-sol que le centre européen de recherche s’apprête à déployer dans quelques mois. De quoi s’agit-il ?
De compléter sur le terrain les connaissances, de façon à étudier la stabilité du sous-sol et pouvoir décrire sous quelles conditions l’infrastructure de recherche peut être techniquement et financièrement réalisable. L’objectif étant de s’assurer qu’à l’endroit pressenti pour le passage en souterrain du futur collisionneur de particules, on trouvera majoritairement la molasse – ce matériau peu perméable et à la dureté adaptée qui permettrait d’y implanter un tunnel dans les meilleures conditions possibles. Pour cela, en neuf zones géographiques où la donnée existante est jugée insuffisante pour les besoins de l’étude, des campagnes de mesures vont être réalisées. Elles seront déployées en deux phases complémentaires.
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Tout d’abord, les évaluations géophysiques. Tour à tour les terrains qui seraient situés au-dessus du tunnel circulaire seront visités par un camion vibreur. S’arrêtant quelques minutes en de multiples points successifs, il enverra par vibration vers les profondeurs du sous-sol des ondes qui permettront de recueillir de très précieuses données sur la nature des sols traversés. Ces ondes rebondissent sur les structures souterraines et reviennent sous forme d'échos, qui sont analysés pour révéler des informations sur la composition et la disposition des formations géologiques du sous-sol. « Schématiquement, on enregistre la propagation des ondes émises. Les données seront ensuite traduites en cartographie du sous-sol de la zone qui aura été balayée », détaille Antoine Mayoux, l’un des ingénieurs de l’équipe FCC chargé de cette mission. Une phase éclair, sans aucun impact ni pour l’homme ni pour l’environnement.
Ces données sont utiles mais leur niveau de précision est limité. C’est pour cela que quelques semaines plus tard, une fois les premières données analysées, les équipes feront un second passage, d’une durée plus longue, mais sur des points géographiquement précis. Ce sera la phase de mesures géotechniques.
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Celle qui verra arriver sur les terrains – le plus souvent à l’extérieur des communes, des engins de chantier destinés à effectuer des forages. De longs tubes qui perceront un trou pas plus large qu’une assiette et s’enfonceront dans la terre, entre 80 et parfois 500 mètres sous nos pieds, pour définir les profondeurs des différentes couches traversées et permettre l'analyse d’échantillons en laboratoire qui viendront préciser et ajuster les données globales obtenues par la géophysique. Quatre forages seront réalisés sur le lac Léman à partir de barges flottantes ancrées au fond du lac ou à l'aide de barges autoélévatrices.
Dans les communes concernées, la campagne de mesures géophysiques devrait débuter au second trimestre 2024, suivie par la campagne de mesures géotechniques à l'été 2024 pour une durée globale d’investigation de l’ordre d’un an « Le calendrier détaillé sera adapté aux enjeux environnementaux du territoire et aux contraintes des exploitants des terrains s’il y a lieu », précise Antoine Mayoux. Des points qui ont déjà été évoqués lors des rencontres qui se tiennent depuis un an entre les élus du territoire et les équipes du FCC.
L’analyse de ces échantillons permettra également d’œuvrer à une meilleure réutilisation des matériaux d'excavation.
Une production de chaleur qui profite à tous
A l’heure où les ressources naturelles deviennent plus rares, l’initiative du CERN en matière de récupération de chaleur est pleine de promesses. De quoi s’agit-il ?
Ces collisionneurs de particules qui, en souterrain, servent aux expériences de physiciens, émettent de la chaleur. Qu’elle provienne des moteurs, des centres de calculs, des ventilations, plus question que toute cette énergie « parte aux petits oiseaux » par des tours de refroidissement, comme l’explique Serge Claudet, ingénieur spécialisé dans le plan de gestion de l’énergie au CERN. Dorénavant, tout sera tenté pour qu’un maximum de cette chaleur puisse avoir une deuxième vie, dans la mesure des limites techniques et économiques de l’exercice.
Le principe à mettre en place est le suivant : l’énergie émise par les installations du centre de recherche international peut être déviée vers des canalisations et transportée par de l’eau tiède vers un lieu qui consomme de la chaleur – des logements collectifs ou des bâtiments professionnels notamment. Arrivée à destination, une machine récupère la chaleur de l’eau et la transforme en chauffage. Sur le papier, c’est à peine plus compliqué que cela. « Mais ce dispositif ne présente un intérêt que dans les zones denses, où les besoins sont importants et où l’acheminement se fait sur une courte distance. Cela ne peut pas être rentable dans la pampa ! », précise l’ingénieur.
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Un premier projet sera bientôt réalité. Depuis août dernier, la pose des réseaux a commencé pour raccorder le CERN à la Zac de la commune voisine de Ferney Voltaire, dans le cadre d’une convention que les deux parties ont signée en 2019. Ensuite, lorsque la chaufferie sera opérationnelle, fin 2024 ou début 2025, de la chaleur sera acheminée vers de nouveaux quartiers de la ville via les réseaux de chauffage classiques. Une opération gagnante pour les utilisateurs car cette source d’énergie injectée dans les veines de la commune n’émet pas de CO2 et est moins chère que le gaz ou la biomasse.
Sans attendre que les premiers kWh de ce nouveau type aient commencé à circuler dans les réseaux de chauffage d’environ 2000 foyers de Ferney Voltaire, le CERN peaufine déjà d’autres projets. Il entend bien continuer à exploiter cette ressource gratuite, que ce soit pour alimenter des équipements internes en rénovation ou, plus tard, directement depuis le nouveau centre de calcul de Prevessin. Des dispositifs qui seront au fil du temps de plus en plus optimisés et qui pourront intéresser, des deux côtés de la frontière franco-suisse toutes les installations publiques ou privées établies à proximité des collisionneurs de particules. "Une étude de faisabilité de récupération de chaleur accompagnera tout nouveau projet sur les territoires", souligne Serge Claudet. Compte tenu du contexte énergétique, il sait que les dossiers ne manqueront pas.
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Quand la FCC week mettait Londres aux couleurs de la recherche fondamentale
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En juin plus de 300 chercheurs du monde entier se sont retrouvés à Londres pour partager leurs connaissances sur les infrastructures de recherche en physique des hautes énergies
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La communauté mondiale travaillant sur ces sujets de premier plan pour le XXIème siècle a ainsi pu partager ses résultats, établir de nouvelles collaborations et renforcer la vision d’un collisionneur de particules pour l’ère post-LHC.
L'étude FCC, avec le soutien du projet FCCIS de l'Union européenne, vise à construire un écosystème scientifique et technologique impliquant la recherche fondamentale, l'informatique, l'ingénierie et les compétences pour la prochaine génération. Il est donc encourageant de constater qu'environ 40% des participants à la Semaine FCC étaient âgés de moins de 40 ans.
Cinq journées riches en échanges qui ont également permis de renforcer les partenariats universitaires et le lien entre les différents instituts qui collaborent au FCC. La conférence était organisée avec le soutien du STFC (Research and Innovation Science and Technologies Facilities Council) du Royaume-Uni et du projet FCCIS, financé dans le cadre du programme Horizon 2020 de l'Union européenne.
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Débats, partages et convivialité… les participants de la FCC week auront trouvé là-bas matière à donner un coup d’accélérateur à leurs projets.
Si le projet est approuvé, une nouvelle génération de jeunes chercheurs devra prendre la relève pour garantir la réussite du FCC et exploiter les opportunités de physique offertes par cette infrastructure de recherche visionnaire.
Une séance dédiée aux chercheurs en début de carrière lors de la Semaine FCC a donné aux participants l'occasion de discuter de leurs espoirs, de leurs craintes et de leurs expériences jusqu'à présent avec le projet FCC.
Un événement public très suivi, "Expériences géantes, questions cosmiques", organisé à la Royal Society et animé par Robin Ince de la BBC, a également reflété l'enthousiasme des non-physiciens pour l'exploration fondamentale.
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Une étude approfondie des milieux naturels
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La campagne d’étude des milieux naturels est menée sur l’ensemble des potentiels sites de sondages et futurs sites de surface, par une équipe d’experts faunistiques et floristiques.
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Pour cet "inventaire quatre saisons", environ 45 sites susceptibles de faire l’objet de forages, 80 km de lignes sismiques et 8 sites de surface répartis en France et en Suisse ont ainsi été répertoriés et étudiés tout au long de l’année. Les groupes de faune ou de flore recensés sont variés et correspondent aux attentes règlementaires des autorités environnementales : oiseaux, reptiles, amphibiens, insectes, chauve-souris, mammifères terrestres, faune aquatique, flore, milieux naturels, zones humides. Les inventaires ont été menés selon des méthodologies éprouvées par les différentes autorités environnementales : observations diurnes et nocturnes, écoutes ultrasonores pour les chauves-souris, emploi de jumelles et de télescopes, emploi de filets à papillons, etc.
La plupart des inventaires s’achèveront d’ici la fin de l’année 2023. Ils permettront, grâce à une analyse croisée de l’ensemble des données recueillies, de caractériser et cartographier le plus finement possible les enjeux écologiques.
A Genève, le Portail de la science s’ouvre au monde
Chaque année, le CERN reçoit plus de 300 000 demandes de visites. Le Portail de la science qui vient d’être inauguré le 7 octobre a pour vocation de répondre à cet intérêt croissant du grand public pour la science.
Conçu par le célèbre architecte Renzo Piano, le bâtiment se compose de trois pavillons et de deux « tubes » reliés par une passerelle suspendue, transcendant les limites de l'architecture conventionnelle. Les deux tubes qui surplombent la chaussée évoquent symboliquement le tunnel du Grand collisionneur de hadrons (LHC), situé 100 mètres plus bas. Le bâtiment n’est pas seulement visuellement remarquable. Le CERN et les architectes se sont également engagés à ce qu’il présente une neutralité carbone; ainsi, des panneaux solaires, couvrant une surface de près de 4 000 mètres carrés, produisent une quantité d’électricité qui dépasse les besoins du bâtiment.
Avec le Portail de la science, le CERN ouvre un nouveau chapitre de son histoire. Au-delà de la diffusion de la science, il se positionne comme le centre névralgique des activités scientifiques du CERN qui en rassemble les acteurs clés et favorise le bouillonnement d'idées qui caractérise le Laboratoire depuis près de 70 ans.
Pour en savoir plus sur le Portail de la science et planifier une visite, cliquez sur le bouton ci-dessous :
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Informations sur la protection des données
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Le présent projet a bénéficié d’un financement au titre du programme-cadre de l’Union européenne pour la recherche et l’innovation « Horizon 2020 » dans le cadre de la convention de subvention n° 9517545.
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